Les toits de Paris au patrimoine mondial de l’UNESCO

Guilbert Express

20 avril, 2020
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Vue des toits de Paris

Les toits en zinc gris font partie des spécificités de Paris. Nulle part ailleurs dans le monde, ils n’existent à si grande échelle, car, depuis le milieu de XIXème siècle, ils couvrent plus de 80 % des toits de notre capitale. Pourtant, ce ne sont pas les toits de Paris eux-mêmes, mais le savoir-faire des couvreurs zingueurs qui a une forte chance de bientôt figurer au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le baron Haussmann, fondateur du Paris moderne

Le baron Haussmann le père du Paris moderne

Le baron Haussmann en 1860 ©BNF Gallica

À la fin des années 1850, l’empereur Napoléon III confie au baron Haussmann la rénovation en profondeur de Paris qui ressemble à un bouge, avec des ruelles étroites et insalubres, mal éclairées et sans évacuation d’eau. Haussmann s’attelle à la tâche et métamorphose Paris qui bénéficie encore aujourd’hui de ses aménagements. Il veut des rues larges et planes et pour cela détruit massivement les vieux immeubles pour tout reconstruire selon ses normes.

Avec la multiplication des chantiers, il faut réduire les coûts et faciliter le travail des couvreurs. Il a alors l’idée d’utiliser le zinc. Il est plus léger que les charpentes en bois recouvertes de tuiles, plus facile à découper, plus facile à installer et parfaitement efficace pour protéger des infiltrations. Il présente même l’incroyable capacité de se ployer, ce qui permet de créer de nouveaux logements sous les toits. Ainsi sont nées les chambres de bonne sous mansarde que l’on trouve encore aujourd’hui.

Les toits de zinc soudés ont donc depuis cette époque pris le pas sur les toits en ardoise, plus lourds et plus chers.

Le savoir-faire des couvreurs zingueurs de Paris au patrimoine mondial de l’UNESCO : un dossier datant de 2014 et qui dure toujours…

Depuis bientôt deux siècles, les couvreurs zingueurs officient sur les toits parisiens. Ils réparent et restaurent inlassablement les toits de la capitale, jouant du chalumeau été comme hiver, au milieu de l’immense forêt grise qui domine Paris.

En 2014, une candidature est déposée pour être en lice pour l’inscription au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Il s’agit de reconnaître les « toits de Paris ». Cependant, pour des raisons politiques, la demande bascule du bâti au métier en changeant d’intitulé. Il s’agit désormais de faire reconnaître le « savoir-faire des couvreurs zingueurs parisiens ». En effet, la maire de Paris, Anne Hidalgo, ne soutenait pas franchement l’initiative et se montrait plus que sceptique, faisant part à l’AFP de « ses réserves sur cette démarche, qui ne semble pas susceptible d’aboutir, au regard des critères établis par l’Unesco pour inscrire un bien au patrimoine mondial ».

En 2017, le savoir-faire traditionnel des couvreurs zingueurs de Paris fut répertorié par l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en France. En 2018, la candidature sur le savoir-faire fut approuvée par le ministère de la Culture et, en mars 2019, le projet est sélectionné pour être présenté prochainement en session de comité à l’Unesco.

Un enjeu de taille pour la profession des couvreurs zingueurs

Le métier du travail des toits de zinc soudés est méconnu en France et la profession des couvreurs zingueurs voit l’opportunité de faire à la fois rayonner le savoir-faire du couvreur-zingueur parisien dans le monde entier, mais aussi de promouvoir le métier en France.

Il s’agit de relancer la formation des jeunes qui ne connaissent pas ce métier. Les professionnels qui travaillent à Paris se plaignent de ne pas trouver d’apprentis qui souhaitent se former à ce métier. Dès lors qu’il s’agit de chaudronnerie, les plus jeunes l’associent à l’industrie et à la fabrication des charpentes, mais peu d’entre eux ont conscience du travail au chalumeau réalisé sur les toits, un peu partout en France et surtout à Paris.

Si le savoir-faire des couvreurs zingueurs des toits parisiens était enfin reconnu au patrimoine mondial de l’UNESCO dans les années à venir, c’est toute une génération qui pourrait découvrir la dimension artistique et patrimoniale des toits de zinc soudés. Pour les 17 000 entreprises de couverture en France, l’enjeu est de taille, car il pourrait relancer l’apprentissage et permettre de perpétuer un savoir-faire unique au monde.

  • Je suis couvreur zingueur je travaille pour une entreprise de Rouen en Seine Maritime, nous travaillons beaucoup à Paris a refaire des couvertures en zinc et nous ne sommes pas pour que ce soit les couvreurs parisiens qui soient nommés a l UNESCO car cela dévalorise les couvreurs en province.
    Je pense qu’il faudrait inscrire simplement les couvertures de Paris pour ne pas pénaliser le métier en France,

    • Frédéric Langlois 11 septembre 2020 at 11 h 49 min

      Bonjour, nous comprenons bien votre position mais vous noterez que cette proposition n’émane pas de notre entreprise et que, comme vous, nous n’en sommes que les spectateurs passifs.